Ce matin je prends mon temps, je tourne dans le lit, je lis et relis vos encouragements mais quelque-chose se trame… je procrastine. La raison est simple et c’est qu’intérieurement, je sais déjà quelle sera ma prochaine destination.
J’ai cru en faisant le Défi à nouveau cette année qu’il n’y aurait que du positif à refaire certains des monts. J’avais tout faux… car il faut être doté d’une précieuse naïveté pour s’attaquer volontairement à la Montagne à Liguori! En effet, grande reine du défi, elle fait 15km et cumule près de 800m de dénivelé 😵
Le sentier est situé à la Petite-Rivière-Saint-François; un magnifique village bordé du fleuve Saint-Laurent et de montagnes. La descente pour s’y rendre est toutefois tellement à pic que je peine à boire mon café sans regarder le plafond de l’auto. Je me fais la réflexion d’investir toutes mes économies dans le garagiste du coin qui doit vendre à lui seul 50% des disques de frein du canada.
J’arrive au charmant Domaine à Liguori où je suis accueilli par le fort sympathique Christopher avec qui je partage mon appréhension d’aujourd’hui. En lui lançant à la blague que j’essaierai de retrouver mon courage le temps de chausser mes bottes, il me répond que je le trouverais sûrement au fond du café que j’ai en main… alors je m’empresse de le caler
La montée entre le km1 et le km3 est toujours aussi intense (voir année dernière). Elle me fait réaliser que je fais partie de cette zone grise qu’est la 30aine; où on a le luxe de se sentir jeune, mais que notre corps nous rappelle amèrement qu’on vieillit.
Malgré la température fraîche d’aujourd’hui (12 degrés), j’ai tellement chaud que j’aurais monté nu si c’était légal.
Une fois le pire derrière moi, il est toujours aussi enchanteur de croiser des ruisseaux à si haute altitude. Par chance aucune sirène ne s’y trouve car j’aurais sûrement trouvé le moyen de m’y noyer malgré les 12 pouces de profondeur; je suis épuisé!
Même que pour la première fois de ma vie, il me prend l’étrange envie de me réincarner en grenouille; tant pour me prélasser dans l’épais lichen bordant le ruisseau, que pour le plaisir d’éliminer les moustiques un après l’autre.
Le temps d’une éclaircie, je peux apercevoir qu’il me reste encore beaucoup de chemin avant de retrouver le sommet. Ça me ramène à une réflexion que je m’étais faite en prenant une marche dans une épais brouillard l’hiver dernier: il y a quelque-chose d’enchanteur dans le fait d’apprécier son chemin, 10 mètres à la fois. Je m’efforce donc d’appliquer cette maxime.
C’est ainsi que de fil en aiguille, j’arrive enfin au sommet où j’ai le bonheur de savourer seul pendant près de 30 minutes la vue magnifique qui vaut, et de loin, tous les efforts pour s’y rendre. Succès!!!
Le coeur léger d’y être arrivé, j’entreprends la descente qui est tellement à pic que je peine à croire que j’ai monté tout ça. C’est tellement rude sur les orteils que je considère laisser une barre à clou dans l’auto question de déloger mes pieds du fond de mes souliers.
Par chance, j’ai le bonheur d’enfiler mes gougounes préférées pour libérer mes pieds sur la route du retour.
Malgré sa difficulté, je quitte avec satisfaction le Mont à Liguori ayant l’impression d’avoir accompli un pèlerinage symbole de persévérance.