Je me réveille en pensant devoir rester à l’intérieur car hier, on annonçait de gros orages… eh bien surprise: du soleil planifié jusqu’en soirée! Note à moi-même; la météo est imprévisible dans la région. Ceci dit, serait-ce le moment d’attaquer la plus haute montagne des laurentides? OH OUI
Du haut de ses 932m d’altitude, le pic Johannsen fait parti du massif de tremblant et est accessible de la Sépaq dans le Parc National du Mont-Tremblant; un trajet de 14km! (!!!) Il porterait ce nom en l’honneur d’un homme surnommé Jackrabbit, fervent amateur de ski qui s’est dit « Vous savez, la plus grosse montagne du coin? On va la monter en ski!« . Bref, l’infatigable athlète (littéralement, il est décédé à 111 ans) aurait aidé à baliser le tout, et son nom de famille a été utilisé.
Après quelques jours de pluie, je suis le premier passant assez téméraire pour emprunter ce sentier. Ça paraît car je fais rapidement face à mon premier gros défi aujourd’hui: LES MOUSTIQUES
Ils sont une armée et d’une rare voracité. Réalisant que je ne réussirai probablement pas à monter cette montagne avec seulement la moitié de mon sang, je sors ma cacanne de chasse-moustiques pour m’en vaporiser rapidement. Dans la frénésie du moment, un moustique se pose sur mon nez et par réflexe, je me vaporise même le visage! En m’étouffant je me fais la réflexion que si Cléopatre était née à Tremblant, elle aurait pris des bains de chasse-moustique au lieu de lait.
À mon grand désaroi, mes contre-mesures ne suffisent pas. Ils sont encore là qui volent autour de moi, dont certains quand-même proches de mes yeux. Il n’iraient quand-meme pas dans mes ye–
AAARGH! VOYONS DONC!
Je retire rapidement l’insecte de mon oeil… avec mes doigts pleins de chasse-moustique.
AAARGH! C*&?@)!#
Cette série d’événements est tellement stupide qu’elle aurait été refusée dans un scénario de Mr. Bean; je ne suis pas très fier.
J’emboîte alors le pas et j’oublie mes tracas car le sentier est magnifique: Le soleil perce ses premiers rayons à la cime des arbres et on y longe de jolies cascades dont le ruissellement me fait rapidement atteindre le flow (hihi).
L’ascension de cette montagne est assez spéciale car malgré sa très grande taille, elle se fait toute en douceur de façon soutenue tout le long. Il est donc très important de trouver son rythme et j’avoue que j’ai de la difficulté à trouver le mien aujourd’hui: je suis fatigué.
Il faut comprendre que cette montagne est la 3ième que je fais en 4 jours; même si mes jambes suivent, l’énergie est difficle à trouver et je dois redoubler d’effort à plusieurs reprises.
J’essaie donc de me faire des amis pour m’encourager en chemin. Pourquoi pas les petits crapauds? Oh… le géant que je suis leur inflige à tout coup une frousse à les faire sauter sur le dos. Après-tout je les comprends, car moi aussi je me sens petit en saperlipopette sur cette montagne interminable. Enfin je trouve un compagnon qui veut de moi! Une chenille a décidé de monter à bord du Guigui Express.
Bouclez votre soie, c’est parti!
Parlant d’amis, je réalise qu’en ce mardi annoncé comme orageux, il y a en fait très peu de chances que je croise quelqu’un aujourd’hui. Devant cet inquiétant constat, je sors le sifflet d’urgence de mon sac de premier soin au cas où je croiserais une bête encore plus affamée que les moustiques du coin.
De fil en aiguille, j’arrive au premier et seul vrai point de vue qui se situe à approximativement 1km du sommet. Cela ne m’empêche pas de célébrer! Non mais quelle vue!
Le paysage me donne un regain d’énergie pour pousser et aller au VRAI sommet, celui sans vue, malheureusement. Une fois enfin arrivé, un essaim de mouches à m**de me confirme que j’ai tout donné aujourd’hui. Mais la quantité qui s’accumule près de moi devient… gênante?.
Ceci dit, j’utilise ma dernière goutte d’énergie pour capturer ces clichés dans la jolie ouverture au Pic Johannsen.
Couché sur mon rocher, je réalise que je suis présentement la personne en plus haute altitude de toutes les Laurentides; ce n’est pas rien! Juste à l’idée, je flotte entre ciel et terre… jusqu’à ce qu’un hélicoptère qui passait par là vienne péter ma bulle et usurper mon titre.
Malgré tous les efforts déployés, je me réconforte que la descente sera plutôt agréable parce que j’ai un plan… vous rappelez-vous des cascades?
J’y déchausse mes bottines pour plonger mes jambes dans l’eau glacée. Comme des papillons sortant de leur chrysalides, mes orteils meurtris retrouvent tranquillement leur forme alors que je me prélasse sous le soleil de midi. Je crois même que je me suis assoupi!
Combien de temps? Je ne sais pas et c’est toute la beauté de la chose!
Non mais quel bonheur d’avoir le luxe de s’en foutre, vive les vacances!