Les plus attentifs d’entre vous auront peut-être remarqué que la chronique d’hier ne faisait aucune mention du chemin du retour. Il y a une raison à cela est c’est simplement que j’avais envie de terminer sur une bonne note.
En vérité, nos ambitieux 18km ont eu un ti-peu raison de nous. Pour deux gars habituellement derrière un ordinateur qui sortent enfin dehors comme des vampires, c’était un peu trop demander. Felix s’est réveillé avec le dos en compote et, pour ma part, une vilaine crampe derrière le genoux me force à déambuler comme un pingouin.
Malgré tout, le moral ce matin est au top! Non, ce n’est pas l’excitation d’aller visiter une pharmacie. C’est plutôt parce qu’en bas des escaliers de l’auberge centenaire où nous logeons, il se trouve un café appelé Les Gamines. On m’y accueille avec un grand sourire et on me prépare un bon café latté avoine alors que de la musique folk toute droit sortie de mes playlists favorites raisonne doucement dans l’étage. Je m’assois sur un gros pouf alors que les premiers rayons de soleil du matin me caressent le visage. Mon niveau de bonheur est à 15 sur 10. Je vis le rêve!
Félix et moi prenons alors une décision: On est ici pour vivre l’aventure avec un grand A, que ce soit en marchant, en rampant ou en faisant le pingouin. Allez-hop, direction Parc National de la Jacques-Cartier!
Au centre d’information, le personnel toujours radieux se fait un plaisir de nous conseiller, tel de fins sommeliers d’expéditions, pour trouver le meilleur sentier à emprunter malgré notre condition discutable. Le choix s’arrête sur L’escarpement en aller-retour par le côté le plus court.
Où | Distance | Élévation + | Difficulté |
---|---|---|---|
Parc de la Jacques-Cartier | 12km | 450m | Difficile |
Type | Entretien | Nb points de vue | Technicalité |
---|---|---|---|
Boucle | Impeccable | Un seul | Faible |
Sur les premiers 100 mètres, je ne vous le cacherai pas, on a vraiment l’air de deux gars qui viennent de se prendre un décennie en pleine geule. À partir de maintenant, il y a deux façons dont cette journée peut se dérouler: Soit on se blesse davantage, soit on se réchauffe et ça passe.
Mon genoux aurait voté pour la première option, mais je suis bien heureux de ne pas l’avoir écouté car, pour Félix tout comme pour moi, nous avons presqu’oublié tous nos maux au bout du premier kilomètre.
Cela est en partie facilité par le large sentier bien nivelé et aménagé de la SEPAQ qui est doux sous nos pieds, et également grâce aux encouragements du chant d’oiseaux variés tout autour de nous. Par comparaison, c’était plutôt silencieux hier dans la Vallée Bras du Nord.
Notre petite bulle enchantée pète toutefois au pied de la montée du flanc nord. Elle est longue, droite, à pic et interminable. Ne levez pas la tête si vous souhaitez ne pas être la proie du désespoir. Ceci dit, on persévère et nous finissons par trouver un rythme convenable.
Par chance, nous avons droit à quelques distractions, comme les occasionnels groupes qui descendent. Un premier, composé de trois personnes, passe alors je m’exclame spontanément: « Salut-salut! » J’ai dit deux saluts car ça fait sympatique, mais ils étaient trois… J’espère que la dernière personne ne s’est pas sentie mise à part haha.
Ensuite un homme passe près et laisse derrière lui une agréable odeur. En partageant à Félix que j’aimerais bien, moi aussi, avoir un savon à l’épinette, je réalise que même sans celui-ci, je sentirais l’épais-net. « Close enough » me dis-je.
D’une réflexion à l’autre on arrive rapidement dans une forêt bien spéciale près du sommet. Ici le sol est encore plus vert que la canopée; c’est de toute beauté.
De fil en aiguille, nous atteignons qu’en 1h30 le seul et unique point de vue qui se trouve au sommet de la montagne. Sur celui-ci se trouve un gigantesque belvédère où nous prenons plaisir à scruter la vallée centrale du Parc National de la Jacques-Cartier dans un panorama à couper le souffle.
Complètement revigorés d’un si beau paysage, une autre décision douteuse se dessine dans nos têtes.
« Pourquoi ne pas redescendre par le côté sud de la montagne? Ce ne serait que 3 kilomètres de plus! »
Eh oui chers amis, le manque d’oxygène cause apparemment aussi de l’amnésie.
Mais, vous savez quoi? C’était une super décision. Bien qu’elle soit grandement allongée, la descente se fait tout doucement dans une forêt clairsemée aux arbres centenaires; les conditions idéales pour mon genoux qui refuse de plier.
Arrivés en bas, nous nous sommes félicités d’avoir passé par-dessus nos bobos et d’avoir saisi cette journée comme si c’était notre dernière sur terre.
Qui n’essaie rien n’a rien; nous on a trouvé le jackpot.
Deuxième ascension réussie! À demain pour la suite, toujours au Parc national de la Jacques-Cartier 🙂