À mon éveil le lendemain de mon asension du Toit des Laurentides, je cherche désespérément la planche à repasser dans mon AirBnb car mes jambes froissées n’arrivent plus à déplier. Ceci dit, il fait tellement beau aujourd’hui qu’il est hors de question de me priver de sortie. Allez-hop dehors!
Ayant célébré allègrement ma montée d’hier au restaurant Le Grill Saint-Georges avec une succulente joue de boeuf et du vin, il ne me reste plus un sou. Alors pourquoi ne pas aller me refaire une fortune à la Montagne d’Argent!?
En arrivant sur place, je croise des gens… oui des vrais! Après deux jours entier sans croiser personne, je résiste à la tentation de les toucher pour valider leur existence. Je tente alors le tout pour le tout en ouvrant la bouche et j’arrive surprenamment à formuler une phrase complète.
« Bonjour! »
Good job Guillaume, ils n’y ont vu que du feu.
Cette journée sera d’ailleurs ponctuée de belles rencontres, en commençant par les petits chats sauvages qui nous acceuilent à l’entrée ainsi que le sourire radieux de Cindy, qui nous explique avec une passion contagieuse quel sentier emprunter pour profiter un maximum de ce réseau tentaculaire aux 1001 points de vue.
En débutant mon ascension de la Montagne d’Argent, je suis estomaqué et je comprends très rapidement que je n’ai pas affaire à une montagne habituelle. Tout ici est grandiose… les parois rocheuses gigantesques, les points de vues qui se multiplient, tout comme les montées et les descentes qui se succèdent.
Sur un décor magnifique habituellement composé d’un mur rocheux à gauche et d’une vue imprenable à droite, je navigue de toutes sortes de façons qui me forcent à faire quelques étirements:
En haut, en bas.
À gauche, à droite.
Sur les pieds, *glisse*, sur les fesses.
Le parcours à la fois tortueux et ingénieusement aménagé nous offre parfois plusieurs choix de descente. Il y a une corde mouillée à flanc de mur, une paroi rocheuse humide en escalier, ou, comme option la moins dangereuse, je choisis l’échelle à pic et glissante.
En la descendant, mes genoux tremblent. Est-ce à cause de mes récentes randos? Le rythme cardiaque affiché sur ma montre me confirme que non, je suis juste une poule mouillée. Malgré tout, cette variété de trajet me fait complètement oublier que mes jambes sont raquées tellement j’ai du plaisir à faire des pieds et des mains sur ce sentier (littéralement, je suis parfois à 4 pattes).
J’arrive d’ailleurs au premier (d’une succession phénoménale) de points de vue; tous agrémentés de magnifiques petits bancs très confortables et même, parfois, un appui-pied.
Après une montée très escarpée qui relève plus de l’escalade que de la randonnée, on capture mon arrivée au sommet avec toute la splendeur d’un troll sortant de sa caverne.
La vue est incroyable. Malgré le fait que la montagne ne soit pas particulièrement haute, un plateau rocheux nous permet de profiter d’une vue 360 phénoménale. 3ième sommet complété! Hourra!
Je me prélasse au soleil en regardant, avec intrigue, un immense oiseau de proie partir du sol et s’élancer très haut dans le ciel sans un seul battement d’aile. Probablement en empruntant un courant d’air chaud!
La descente, elle, se fait dans une vallée entre deux immenses parois rocheuses; comme si la montagne nous faisait une dernière étreinte avant de nous laisser partir.
Près de la fin du parcours, je croise le sympatique Éric qui est en train de bâtir un nouvel escalier pour facilier le chemin. Curieux, je lui demande combien il a fallu de voyages d’hélicoptère pour apporter tout le bois nécessaire à cet escalier ainsi que les multiples bancs soigneusement posés tout le long du parcours.
« On apporte tout à bras! » Me dit-il fièrement.
!!! Même les bancs !?
« Oui! Les 30 bancs c’était mon initiative. Je voulais que les gens profitent mieux de leur journées ici alors on les a installés pour, par exemple, lire ou se reposer »
Bouche bée, je n’arrive pas à concevoir que cela puisse être accompli. Devant mon évident entousiasme il me lance humblement:
« C’était un travail d’équipe tu sais, nous sommes tous passionnés ici! »
Trop tard Éric.
Mes fesses ont essayé ton banc,
Mes jambes ton repose-pied,
Et mon corps a voté à l’unanimité: Tu es un héros. Merci mon cher.
Ainsi s’achève la montée de la Montagne d’Argent; un sentier pour intrépides qui est de loin mon favori à date dans la région; si ce n’est pas de tout ceux que j’ai emprunté combinés.
À défaut de m’être fait la piastre aujourd’hui, je repars avec des souvenirs qui n’ont pas de prix!