Il est 6h du matin et je regarde le plafond car, dans un élan de sagesse (je vous le jure, ça m’arrive parfois ), j’ai écouté mon corps et je me suis couché tôt la veille.
Je suis excité car j’attaque aujourd’hui un des nouveaux sommets du défi: Mont À Peine! En plus, pour s’y rendre je prends la route dans mon tronçon de la 138 favori, celui connectant Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Sillonnant à travers des magnifiques vallons gazonnés sur fond montagneux, je remets en question mes envies de visiter les Alpes Suisses; c’est tout aussi joli ici.
Un peu plus loin j’arrive toutefois à mon tronçon le moins favori, celui près de la fameuse ZEC Lac-Au-Sable.
La route sablonneuse étant essentiellement couverte de grosses pierres et de gravats, un camion devant moi soulève une épaisse poussière qui, pour la première fois depuis qu’il n’est plus obligatoire, me donne envie de porter le masque.
Ici, le temps est relatif. 1 minute sur cette route équivaut 1 an en ville… du moins pour ma suspension. Mais je reste positif; peut-être que les vibrations et les nids de poule seront suffisants pour transformer les petits fruits dans mon sac en smoothie.
À ma grande surprise, tout cela passe rapidement car une fois à l’entrée, la route du ZEC est beaucoup mieux entretenue qu’à mon passage l’année dernière. À son 10 ème kilomètre, je suis le premier arrivé au stationnement où un nuage de brûlots célèbre l’ouverture du buffet à volonté… alors j’emboîte le pas.
Dans le calme matinal, je me fais la réflexion que cette année, je n’ai croisé aucun animal particulier. Le destin fait bien les choses car c’est à cet instant, dans coup de théâtre phénoménal, que je tourne un coin de sentier pour faire face à face avec un loup majestueux, une 30aine de mètres plus loin.
Au centre du sentier, sa fourrure argentée scintille à contre-jour dans le soleil du matin alors qu’il m’observe longuement. Nous échangeons un regard, d’un vagabond solitaire à l’autre, avant qu’il s’éclipse comme un fantôme dans l’orée de la forêt, sans le moindre son.
Ébahi par ce moment magique, je me demande si j’ai des ancêtres amérindiens car je crois avoir trouvé mon totem.
Je me ressaisis et reprends la marche en me disant qu’il est vraiment plaisant d’arriver premier dans un sentier! Mais, second coup du destin, je me prends une toile d’araignée au visage… puis une autre, et encore un autre. Il faut croire qu’il n’y a pas que des avantages finalement.
(Si vous n’avez pas reçu de toile au visage aujourd’hui ben… de rien. )
Suivant un sentier de VTT plein de grosses pierres, je suis très heureux d’avoir des bottines et des bâtons. Ne venez pas ici en soulier si vous tenez à vos chevilles svp!
Au bout du sentier j’arrive à une éclaircie donnant sur une vue époustouflante de Charlevoix et La Malbaie.
Étant bien reposé, je suis d’une rare zénitude seul au sommet. Je prends racine parmis les oiseaux chanteurs, les sapins et les faucons pendant un bon 45m; m’imprégnant au maximum de ce sentiment de liberté qui rechargera mes batteries pour des semaines à venir.
Au final, la seule chose que je reprocherais au Mont à Peine est son nom puisque, bien au contraire, je n’ai jamais été aussi heureux!