Défi 2023, Laurentides

Jour 4 – Mont Nixon

Aujourd’hui, jour de repos! Du moins, c’est ce que j’avais décidé hier soir en prenant une bière de plus et en écoutant un film jusqu’à minuit. Toutefois ce matin, la pluie à boire debout initialement annoncée semble n’être qu’une petite bruine alors je fixe le plafond, indécis.

Je vous épargne l’échange entre mes voix intérieures, mais je vous partage l’argument gagnant:
« Guillaume, il sert à quoi ton imperméable? Mais où est ton sens de l’aventure-ture-ture« 
*Soupir* OKAY!

À plusieurs reprises, j’ai entendu parler du Mont Nixon et il ne fait que 7km alors si je saute le déjeuner, je pourrai revenir avant les orages annoncés en après-midi! Je prends alors tout ce que j’ai sous la main pour grignotter en prenant la route.

Je commence avec une pomme verte qui, à la première bouchée, me fait imploser le visage. (Je venais de me brosser les dents). Alors j’essaie plutôt le mélange de noix « Trail Mix » que j’ai trouvé en spécial. OUACHE! Il s’avère être avarié… (J’aurais dû me méfier en voyant les smarties décolorés.) Cette montée se fera le ventre vide alors! C’est parti!

En cette matinée à 17 degrés, une douce brise parcourant la forêt secoue les branches d’où tombent quelques gouttes d’eau qui me gardent au frais dans ma montée. D’ailleurs, en regardant la canopée, je reçois une goutte dans l’oeil. Je m’attendais à avoir de belles vues aujourd’hui, mais pas à me rincer l’oeil de cette façon!

En m’engouffrant dans le sentier sombre, des oiseaux conversent dans une succession de cris surnaturels au son métallique et tubulaire. On se croirait dans la forêt d’un conte de fée. J’espère juste qu’aucune sorcière ne viendra m’offrir une pomme enchantée, car mon estomac qui gargouille m’aurait forcé à la manger.

Jusqu’à présent le Mont Nixon me laisse perplexe. Il est balisé de façon un peu ambigüe où certaines indications pointent deux chemins possibles; assurez-vous d’avoir votre carte gps. De plus, il n’est pas entretenu à la même fréquence que le reste des sentiers de la SEPAQ et plusieurs arbres barrent le passage. La pluspart s’enjambent facilement, mais pour d’autres il faut s’accroupir pour passer dessous… au grand désarroi de mes cuisses qui ont présentement l’élasticité d’une feuille de papier.

Un peu plus loin, mon téléphone vibre: des amis bienveillants m’informent qu’un avertissement de tornades et d’orages violents vient d’entrer en vigeur. J’ai beau avoir le coup de foudre pour la région, je n’ai nullement l’intention de me prendre un éclair au visage! Et avec les tornades, j’avoue que je préfèrerais rentrer à la maison par la voie terrestre plutôt qu’aérienne.

Bref, j’emboîte le pas à une vitesse que je ne me connaissait pas avant. Et je fais bien, car la forêt s’assombrit et la pluie se met à tomber intensément. Je m’étonne à chaque fois d’à quel point une averse peut prendre un niveau de décibel impressionnant en forêt. Chaque goutte sur chaque feuille autour de moi crée une cacophonie phénoménale qui peut aussi devenir rapidement angoissante.

C’est à mon grand soulagement que je vois la lumière au bout du tunnel (littéralement). Le sommet est devant moi!

Je comprends enfin pourquoi on parlait tant de ce mont en voyant le point de vue unique sur une variété de pics, de lacs et de rivières. Devant ce paysage splendide, je tente de trouver une paix intérieure en ne faisant qu’un avec la pluie battante… j’abandonne rapidement car les averses me donnent l’impression de me p*sser dessus. Ce n’est pas grave, un 4ième sommet en 4 jours, c’est quand-même super!

Même si mon trajet a été un écourté de moitié par la météo, (j’ai opté pour l’aller-retour plutôt que la boucle) j’ai dépensé autant de calories que la veille! La moitié en efforts physiques, et l’autre en stress. Mais ce qui est beau avec une bonne randonnée, ce n’est pas seulement ce qui se passe pendant celle-ci. C’est aussi parfois ce qui se passe après, BON APPÉTIT!