La dernière fois que je me suis levé avec ce sentiment, c’était la veille d’un examen car c’est avec beaucoup de fébrilité et le coeur gros qu’aujourd’hui, j’attaque mon dernier sommet: l’Orignac.
Comme deux tourtereaux qui refusent de se quitter, le fleuve et moi restons à vue alors que je prends tous les détours possibles pour le longer sur la route vers mon sentier.
Plus loin, une grande pancarte brune affiche fièrement “Sentier de L’Orignac”! Ah bon… mon GPS pointait plus loin… ok alors. Je me retrouve (encore) sur un chemin cahoteux qui me fait réaliser que celui du Menaud (voir Jour 1) m’a laissé des séquelles post-traumatiques. 
Je ne suis pas non-plus au bout de mes surprises car une fois à destination je me retrouve à choisir entre Orignac OUEST ou CENTRE… hein? Et c’est là que je comprends que mon GPS avait raison 
Bref, une fois arrivé au BON endroit, je disparaît dans l’épaisse forêt pour débuter mon aventure quotidienne.
Le tout petit sentier à peine assez large pour circuler me fait sentir comme un pionnier.
Peut-être est-ce parce que je loge dans un ancien couvent que la forêt et moi entrons rapidement en communion. À travers le parfum enivrant des épinettes, la nature et moi commençons une longue discussion intime:
Le grincement de ses arbres dans le vent me raconte des histoires de vielles souches et de jeune pousses.
Sa brise fraîche porte le chant des oiseaux qui se termine absorbé par l’épais lichen recouvrant les rochers qui m’entourent.
C’est toutefois d’une façon beaucoup moins poétique que je réponds à la forêt en respirant comme un train à vapeur.
Un peu plus loin, un tapis de jeunes érables m’encourage pour la montée à venir en me faisant des “tope-là” sur les mollets.
Malgré tout le vécu de cette semaine, l’ascension se fait tout doucement car c’est à ma surprise que nous sommes accueillis par une grande éclaircie recouverte de lichen et balisé de petites pierres annonçant le sommet comme un tapis rouge.
Une fois en haut, l’heure est à célébrer!
Je me rappelles alors qu’à ma toute première montée, j’avais acheté une KitKat que je n’ai finalement jamais mangée.
En la sortant de mon sac, elle ressemble plutôt à une SplitSplat. 
… pas grave!
Profitant d’un moment seul, je me décide enfin à prendre LA photo. En me voyant dans mon appareil, j’ouvre alors la main:
J’ouvre la main pour 5 doigts, 5 sommets.
J’ouvre la main en m’envoyant un high-five; good job Guillaume, t’as réussi.
Mais j’ouvre aussi la main en guise d’aurevoir…
C’est fini.
Le temps de bouger mon pouce pour prendre la photo, je n’arrive plus à sourire. Je peine plutôt à contenir mes larmes.
Par chance, un groupe de randonneuses arrive et me force à retrouver mon sang-froid.
C’est donc en guise de memento d’une fierté jamais ressentie auparavant que je pose la dernière pierre au sommet d’un petit monticule avant de quitter.
Je redescend en remerciant intérieurement dame nature de m’avoir accueilli dans ce qui a été une des plus belles semaines de ma vie. C’est le plus beau cadeau que je me suis fait.
Ainsi, chers amis, s’achève mon histoire pour ce périple 2021.
Je ne peux que vous souhaiter qu’une chose: que vous viviez le votre sans plus attendre.
